Cosmic Unconsciousness Unplugged

Le saxophoniste Sam Newsome et le pianiste Jean-Michel Pilc reviennent pour une nouvelle exploration en duo sur l’aventure sonore COSMIC UNCONSCIOUSNESS UNPLUGGED.

Le professeur de zen Shunryu Suzuki a dit : « Dans l’esprit du débutant, il y a beaucoup de possibilités, dans l’esprit de l’expert, il y en a peu ». Il ne mettait pas en garde contre l’expertise ou l’apprentissage, mais encourageait ses étudiants à aborder chaque moment comme s’il était tout nouveau. Sur leur nouvel enregistrement en duo, Cosmic Unconsciousness Unplugged, le saxophoniste Sam Newsome et le pianiste Jean-Michel Pilc prennent ce concept à cœur, entrant en studio sans idée préconçue de ce qui va se passer.

« Tout cela est très spontané », a déclaré M. Newsome. « Nous n’avons pas beaucoup parlé de la musique. Nous n’avons jamais répété, et je ne pense pas que nous ayons jamais fait une deuxième prise de quoi que ce soit. Soit ça marche, soit ça ne marche pas. Nous n’avons pas d’objectif particulier, si ce n’est de ne pas gêner la musique qui veut se révéler. »

Ce qui se révèle, c’est une agitation constante, un dépassement des limites, que ce soit par l’improvisation spontanée ou par l’exploration et la transformation d’airs familiers du canon. Newsome et Pilc trouvent tous deux de nouveaux sons avec leurs instruments ; Newsome en utilisant des rallonges de tubes et des bruiteurs pour son saxophone soprano, et Pilc au moyen d’un piano préparé. Parfois, sur Cosmic Unconsciousness Unplugged, il est difficile d’identifier exactement quel musicien produit quel son, ce qui permet à l’auditeur d’explorer la forêt plutôt que de compter les arbres.

Cet album fait suite à Magic Circle, leur premier album de duos, paru en 2017 et salué par la critique. Depuis, Newsome a considérablement élargi la gamme de sons qu’il peut tirer de son instrument grâce à ses modifications spéciales.

« Depuis l’enregistrement du premier album, mon répertoire sonore s’est considérablement élargi », explique M. Newsome. « Je voulais donc vraiment voir comment les sons avec lesquels je travaille actuellement fonctionneraient dans ce contexte de duo. »

L’un des sons les plus frappants est le son grave de son saxophone soprano modifié, semblable à celui d’un digeridoo, que l’on entend avec grand effet sur « Serenading Seismic Waves ». Newsome a d’abord enregistré un ostinato avec le cor modifié, sur lequel Pilc et lui-même ont ensuite improvisé. Ce son obsédant réapparaît dans leur version de « How Deep Is The Ocean » d’Irving Berlin, une interprétation audacieuse du standard qui rend la question du titre presque inquiétante.

Newsome puise volontiers son inspiration dans le canon du jazz, s’inspirant de l’idée « avant-traditionaliste » du guitariste Bern Nix.

« Pour moi, il est très important de maintenir ces liens avec la tradition », a déclaré Newsome, « mais je veux le faire à ma manière. J’enregistre ce type de morceaux lorsque je me sens libre de ne pas avoir à « changer de sac » et à devenir un musicien à part entière. Je suis toujours dans cet état d’esprit expérimental. Je suis libre d’être traditionnel ou d’être plus exploratoire à tout moment ».

Newsome explique qu’il choisit des chansons qui ont été « jouées à mort » afin de mettre clairement en évidence les possibilités qui s’offrent à lui : « Ce qui est efficace, c’est de trouver de nouvelles façons de jouer ce genre de morceau, et de donner à l’auditeur un aperçu du caractère unique de ce que vous faites. Je pense que dans ce cadre, il devient plus facile d’apprécier et de comprendre ce que je fais.

La connexion entre ces deux maîtres est évidente dès les premières notes de l’ouverture, « Sounds From My Morning Window ». Newsome et Pilc construisent un doux paysage sonore de piano et de carillons, d’où émerge une puissante figure rythmique. Newsome s’envole au fur et à mesure que la pièce prend de l’ampleur. Si vous ne le saviez pas déjà, vous ne devineriez jamais que tout a commencé à partir d’une page blanche. L’album regorge de moments forts : On pense notamment au son de soprano en phase de Newsome sur « Dancing Like No One’s Watching (But Everyone Is) », à l’ouverture tendre et spacieuse de Pilc sur « Skyward Lullaby », ou encore à l’exercice de funambulisme sur « All The Things You Are ».

COSMIC UNCONSCIOUSNESS UNPLUGGED est le résultat de l’entrée en studio de deux musiciens au sommet de leur art, sans autre projet que l’écoute et la création. Il s’agit d’une véritable rencontre des esprits (des débutants).