Jean-Michel Pilc – piano
Meg Okura – violon, violon électrique
Sam Newsome – saxophone soprano
Crédits
Date de sortie : 2018
Label : Chant Records
Maquette – Tanmaya Baluni
Couverture, conception graphique – François Matus
Notes de pochette, producteur – Meg Okura
Mixé par, Masterisé par – Alfonso Aimihana
Piano – Jean-Michel Pilc
Enregistré par – Brian Dupuy
Saxophone soprano – Sam Newsome
Violon, violon électrique – Meg Okura
Mixé à – AudioMAGIC
Édité par – AudioMAGIC
Enregistré à – The Stone
Critique
Enregistré lors de sa résidence d’une semaine au Stone, à New York, en 2016, sur NPO Trio-Live at the Stone la violoniste Meg Okura et ses collègues, le pianiste Jean-Michel Pilc et le saxophoniste soprano Sam Newsome, produisent un ensemble captivant d’une heure de musique. Newsome et Pilc se sont produits avec le Pan-Asian Chamber Jazz Ensemble d’Okura, et les deux ont travaillé ensemble sur leur album en duo de 2017, Magic Circle. Grâce à leur grande expérience commune, les trois musiciens ont une relation instantanée, avec une vision synthétique qui offre une cohésion et une concentration impressionnantes, malgré la nature entièrement improvisée de la performance.
L’album se compose de trois improvisations, la première étant une extravagance de 38 minutes qui couvre un large éventail de registres émotionnels et stylistiques, avec pour point de départ une chanson folklorique yiddish du XIXe siècle de Mark Warshawsky intitulée « Oyfn Pripetchik ». La simplicité poignante de l’air est parfaite pour permettre au trio de prendre de multiples directions au cours de la pièce, tout en puisant dans un vocabulaire commun lorsque c’est nécessaire pour garantir que la liberté reste limitée. Bien que l’œuvre soit divisée en six pistes distinctes sur l’album, il s’agit en réalité d’une œuvre continue qui exige une attention soutenue du début à la fin ; il ne s’agit pas d’un enregistrement que l’on peut apprécier en mélangeant les pistes.
Outre la beauté intrinsèque de l’œuvre, elle est également un véhicule pour les attributs distinctifs de chaque musicien. Elle possède les qualités lyriques nécessaires pour porter la mélodie, mais elle est tout aussi à l’aise avec des phrases douces en pizzicato ou des interjections rythmiques qui servent la musique plutôt que de mettre en valeur sa prodigieuse technique. L’aisance de Newsome au saxophone soprano lui permet d’utiliser des multiphoniques, des respirations circulaires et d’autres effets saisissants qui ajoutent de l’intrigue et du dynamisme à la musique. Et Pilc est une merveille, avec un toucher délicat dans les moments de retenue de la musique et une voix riche et puissante dans les moments d’emphase. Son aisance à deux mains est particulièrement remarquable, avec de multiples figures développées simultanément sur « Bells, Whistles and Sirens », le deuxième segment de la pièce.
De même que « Oyfn Pripetchik » constitue le point de référence clé du morceau principal, « Unkind Gestures » permet au groupe d’élaborer des réflexions extemporanées sur « Giant Steps » de John Coltrane. Les techniques étendues de Newsome sont très bien utilisées ici, et le trio livre une interprétation énergique et imaginative avec seulement quelques gestes occasionnels de la structure de la chanson originale.
L’album se termine par une autre longue improvisation, « Yiddish Mama No Tsuki », qui permet à Okura de s’aventurer une fois de plus dans la musique folklorique juive, mais cette fois en la combinant avec un air japonais similaire qui permet au groupe de chevaucher les deux cultures, puis d’en ajouter une troisième, avec un segment engageant employant un rythme de tango. C’est une conclusion appropriée pour un album qui offre une approche aussi inventive et expansive de la musique. ~ Par Troy Dostert, 10 mai 2018 | AllAboutJazz