Ces 20 années d’amitié et de collaboration doivent être célébrées. L’occasion pour Andr Ceccarelli, Jean-Michel Pilc et Thomas Bramerie d’enregistrer cet album, simplement intitulé Twenty . Twenty, enregistré au Studio 26 à Antibes en août 2013, apporte de nombreuses compositions originales et quelques interprétations variées de grandes œuvres musicales, de Brassens à Thelonious Monk, en passant par Jacques Brel et Miles Davis. Douze titres d’une rare intensité reflétant la complicité et l’amitié nouées par ces trois musiciens de jazz hors pair depuis deux décennies.
Sortie le 25 février 2014
Label : Sunnyside Records
- Contrebasse – Thomas Bramerie
- Batterie – André Ceccarelli
- Piano à queue – Jean-Michel Pilc
- Enregistré par – Frédéric Bétin
Crédits
Enregistré au Studio 26 Antibes – France les 17, 18 et 19 août 2013
Mixé au Studio 26 en novembre 2013
Critique
Dans les vastes archives des enregistrements de piano solo de jazz, celui-ci a peu de précédents. Ses 68 minutes contiennent 31 morceaux, dont beaucoup durent moins d’une minute, la plupart moins de deux. À l’exception d’un seul, ils sont tous complètement improvisés.
L’album est une expérience d’écoute stimulante. Le temps que vous vous accrochiez à un morceau, il n’y en a plus. Le processus créatif de Jean-Michel Pilc est un flux musical de conscience, mais il n’est pas aléatoire. Il existe un fil conducteur. L’exception mentionnée ci-dessus est « What Is This Thing Called Love ? » de Cole Porter. Il a été le favori des pianistes de jazz, de James P. Johnson à Gerald Clayton. Pilc lui donne une reconnaissance spécifique de 80 secondes, morose et fragmentée. Les autres morceaux improvisés sont vaguement (parfois très vaguement) basés sur cette chanson.
Le suspense est créé par le fait que les ressources pianistiques de Pilc sont considérables. Vous attendez avec impatience son prochain mouvement. « Cole », d’une durée de quatre minutes, est une vaste et complexe superposition à la mélodie de Porter, à laquelle elle est reliée à quelques endroits. « Glide », d’une durée de 51 secondes, est un mélange de quelques idées brillantes dans les crevasses de la chanson. « Waves » est fidèle à son titre, intriguant comme une effusion de piano. Une fois seulement, la mélodie de Porter est perceptible dans la vague cycliste et déferlante. Parfois, sur des morceaux comme « Bells » et « Time » (une charmante spirale ascendante de 51 secondes), l’association avec Porter doit être prise au pied de la lettre.
Parmi les vignettes, on trouve également des pièces pleinement développées, comme le tonitruant « Prélude » de cinq minutes, brutal et dense comme du Rachmaninov. L’album se termine par un résumé éthéré intitulé « Now You Know What Love Is ». Malgré ses allusions intermittentes à Porter, c’est quelque chose de nouveau, de poétique et de concluant sur le véritable sujet de l’album, le mystère de l’amour.
Cet album est plus qu’intelligent. Il s’agit d’un acte d’imagination soutenu qui, à partir d’une source musicale unique, permet d’obtenir une remarquable diversité de formes et d’émotions. ~ par Thomas Conrad 25 avril 2019. JazzTimes