Together Live At Sweet Basil Vol.1
Jean-Michel Pilc Trio
Jean-Michel Pilc Trio
Piano – Jean-Michel Pilc
Basse – François Moutin
Batterie – Ari Hoenig
Publié : 3 avril 2000
Label : A-Records
A&R, Coordinateur [Production] – Angelo Verploegen
Design – Dolphin Design
Mixé par, Masterisé par – Chris Weeda
Photographie – Joost Leijen
Enregistré par – David Baker
Enregistré au Sweet Basil, à New York, le 24 avril 1999 (une erreur d’impression au dos de la pochette indique qu’il s’agit de 2000). Mixage et masterisation au Studio LeRoy, Amsterdam, du 22 au 25 octobre 1999.
Pistes 4 et 6 publiées par Challenge Music Publishing/Polygram
Piste 8 publiée par les Editions Jean-Marie Salhani
Si le pianiste Jean-Michel Pilc ne prend pas d’assaut le monde du jazz en termes de reconnaissance publique, il prend certainement un public d’assaut lors de ses concerts.
Avec la sortie de « Live At Sweet Basil, Vol. 1 », et la sortie prochaine en novembre de « Vol. 2 », le destin de Pilc va certainement changer. C’est une force au piano qui ne peut être niée. Apparemment apprécié par une petite coterie de passionnés et de critiques, Pilc est prêt à sortir des sentiers battus et à faire reconnaître l’immensité de son talent.
Il ne s’agit pas d’une hyperbole. Il faut vraiment écouter « Live At Sweet Basil, Vol. 1 » ou tout autre CD de Pilc pour apprécier le dynamisme et l’imagination qui jaillissent dès qu’il touche les touches d’un piano devant un public. D’après les citations que j’ai lues, les critiques ont du mal à décrire la physicalité de son approche et l’imprévisibilité de ses performances. Même sur les CD où il est accompagnateur, comme ceux de J.D. Walter ou de Richard Bona, l’auditeur se demande « Qui est le pianiste ? ».
Nous le savons maintenant.
Ayant quitté l’Europe pour s’installer à New York en 1995, Pilc n’a cessé depuis de se forger une réputation et des contacts en jouant dans les clubs et en faisant la tournée des festivals. Son trio de travail avec François Moutin à la basse et Ari Hoenig à la batterie éclate enfin avec une performance live enregistrée en deux parties au Sweet Basil en octobre de l’année dernière.
Qu’est-ce qui fait l’objet d’une critique dithyrambique ? Qu’est-ce qui ne fait pas l’unanimité ?
Sur le premier morceau de « Live At Sweet Basil », Pilc commence d’emblée par des substitutions, déconstruit la mélodie en similitudes harmoniques, tire et laisse claquer le tempo, et dramatise sans fard l’histoire qu’il raconte avec une passion dévorante. Parfois, il rappelle à l’auditeur l’approche très percussive et élastique des standards de Jacky Terrasson ; en effet, Pilc et Terrasson ont tous deux travaillé avec le phénomène de la percussion Leon Parker. Parfois, Pilc rappelle Brad Mehldau lorsqu’il change de mélodie ou de phrasé d’une main à l’autre, comme si l’une s’inspirait indépendamment de l’autre. Sur « Runaway », par exemple, ses mains deviennent carrément indépendantes, gambadant et bondissant dans plusieurs directions de manière vertigineuse (pour l’auditeur) face au tempo à quatre temps de Moutin et Hoenig. « C Jam Blues », complexe par sa simplicité et son caractère suggestif, entraîne Pilc dans un tourbillon de claviers, qui ne laisse d’abord rien présager de la mélodie qui le sous-tend et se développe finalement en phrases de descente répétitives.
Où sont Moutin et Hoenig dans ces torrents sonores incessants ? Eh bien, ils développent l’assaut de Pilc autour du piano avec parfois une indépendance d’improvisation libre qui n’est possible qu’au sein d’un groupe de musiciens exceptionnels qui se comprennent. Sur « Together », au cours duquel ils se présentent personnellement au public, le groupe se lance dans un mitraillage de notes à l’unisson jusqu’à ce qu’une trêve, et donc une aisance, s’ensuive.
Le talent de Pilc est tel qu’il laisse les auditeurs bouche bée et les critiques sans voix.
Enfin, pas tout à fait. Les écrivains doivent écrire quelque chose, que les mots soient ou non à la hauteur de la musique. Mais « Live At Sweet Basil, Vol. 1 » est une classe à part, qui surprend l’auditeur. Comme d’autres auteurs, je suis heureux d’avoir entendu Jean-Michel Pilc à un stade relativement précoce de sa carrière, avant l’inévitable buzz qui l’entoure. ~ Par le personnel de l’AAJ, 1 juillet 2000 | AllAboutJazz