Dieu que j’aime quand ça jazz comme ça ! Peu de temps après avoir sorti un excellent album en solo (« Symphony »), revoici le pianiste Jean-Michel Pilc en trio, avec Ari Hoenig à la batterie et François Moutin à la contrebasse (soit la fabuleuse équipe qui a commis des albums non moins fabuleux tels que « Threedom », « Welcome Home » ou « Cardinal Points ») ! Ils n’avaient plus joué ensemble depuis près de douze ans. Mais les automatismes, ça ne se perd pas et l’enthousiasme encore moins. Sans rien préméditer ni préparer, nos trois artistes sont entrés en studio et ont joué. Du Coltrane, du Monk, quelques standards et des compos personnelles. À leur habitude, ils ont détricoté les thèmes pour les rhabiller (et de quelle façon !) à leur image. C’est l’exaltation qui domine cet album qui respire la complicité. Le jeu de Pilc, plein d’imprévus, plein d’ellipses, plein de citations, bourré d’inventions, est source perpétuelle de propositions et d’idées. Tout en tensions délicates d’abord (« The Song Is You », « You Are the Song », « Thin Air »), en puissance ensuite (« Impressions », « Bemsha Swing », « After You’ve Gone »…), le trio maîtrise ses effets. Les trois musiciens s’entendent comme jamais. L’intuition et la pulsation sont de tous les instants. La batterie est aussi foisonnante que pondérée et sa résonance sourde s’allie idéalement au jeu, parfois fougueux, parfois ondoyant de François Moutin. Ça invente du début à la fin, ça improvise, ça se libère. C’est ce que l’on attendait de ce trio (et c’est peu dire qu’on a attendu) … et on n’a pas été déçu. Grand disque.